dimanche 23 février 2020

Bombardier HR616

En parcourant le lot de photos prises durant ma jeunesse, je remarquai un cliché montrant un convoi du Canadian National (CN) à la sortie du pont Victoria, arrivant à Montréal et passant à côté des ateliers de Pointe-Saint-Charles. Encore une photo mal cadrée et surexposée... Mon œil, plus aiguisé qu'il ne l'était jadis, remarqua la seconde locomotive (numéro 2115) : un modèle HR616, construite par Bombardier (BBD) en 1982.

La machine de tête (numéro 5320), une SD40-2W construite par General Motors Diesel (GMD) en 1979, serait toujours en service auprès du CN au moment de l'écriture de ces lignes. Je me trouvais sur le terrain de baseball des employés des ateliers de Poine-Saint-Charles lorsque j'ai pris cette photo, possiblement en 1990 ou 1991. Selon le site Web de la Canadian National Railways Historical Association, la locomotive 2115 que j'ai photographiée a été retirée en 1998.

La firme québécoise Bombardier, qui traverse présentement une période difficile, annonçait récemment la vente de sa division transport au géant français Alstom. À l'exception des ferrovipathes, peu de gens savent que Bombardier tenta sa chance dans la conception et la fabrication de locomotives diesels destinées à la traction des trains de fret nord-américains. En 1975, Bombardier acquit 59% des parts de la Montreal Locomotive Works (MLW). La MLW, qui était en quelque sorte la branche canadienne de l'American Locomotive Company (ALCo), produisait des machines dérivées des modèles américains. Lorsque Bombardier en prit le contrôle, l'entreprise se lança dans la conception d'une nouvelle gamme de locomotives destinée à remplacer les modèles précédemments construits par MLW. Le talon d'Achille des locomotives MLW a toujours été le moteur diesel, conçu par ALCo. Bombardier tenta d'en améliorer la conception et dévoila la série HR (Highly Reliable, hautement fiable) au début des années 1980. Deux modèles furent offerts : le HR412, une machine de ligne et de manœuvre à 4 essieux et dotée d'un moteur ALCo 251C dévelopant 2400 chevaux vapeur ainsi que le HR616, une machine de ligne à 6 essieux dotée d'un moteur ALCo 251E dévelopant 3000 chevaux vapeur. La série HR fut un échec, la piètre fiabilité des machines fit fuir les acheteurs potentiels, pour la plupart déjà échaudés par les produits MLW... Seul le Canadian National osa faire l'acquisition des modèles HR412 et HR616. En 1985, lors d'une réorganisation de ses activités, Bombardier se retira de la fabrication de locomotives diesels. General Electric se porta acquéreur de l'usine de la rue Dickson en 1988, restée vacante depuis 1985. Le CN retira les machines Bombardier de son parc en 1998 et la dernière locomotive LRC de VIA Rail fut retirée en 2001, mettant fin à près de vingt ans de traction diesel signée Bombardier sur les réseaux de chemin de fer canadien. Aucune machine Bombardier n'eut de seconde vie auprès d'un autre chemin de fer.

Les locomotives construites par MLW et BBD offrent un spectacle multi-sensoriel : autant la vue que l'ouïe et l'odorat sont sollicités! Dans la première séquence de cette vidéo, une SD40 (5059) construite par General Motors Diesel (GMD) est assistée par deux HR616 (2100 et 2112) construites par Bombardier. Notez l'abondante fumée produite par les moteurs ALCo et surtout le son qu'ils émettent : sorte de chuff-chuff-chuff similaire à celui que faisaient les machines à vapeur à une autre époque et qui enterre presque entièrement le ronronnement du moteur de la SD40...

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